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Créer un kamishibaï

Bonjour bonjour ! Il y a quelques semaines, en 4ème, nous avons achevé la troisième séquence de l’année sur le fantastique (La fiction pour interroger le réel). Pour clôturer cette séquence, j’ai proposé aux élèves un projet final oral : le kamishibaï. C’est ce projet que je vous présente dans cet article…

Qu’est-ce qu’un kamishibaï ?

Un kamishibaï est une histoire illustrée et une technique de contage. Elle se raconte à l’aide d’un théâtre japonais en bois, le butaï. L’histoire prend la forme de différentes planches qui vont se glisser à l’intérieur du butaï. Chaque planche comporte un texte, qui se trouve au dos, et qui permet de mettre en voix l’histoire.

Mon butaï vient de chez Callicéphale. J’ai choisi un butaï en bois, l’objet est vraiment beau et agréable. Ils en proposent cependant d’autres, plus accessibles et notamment un en carton qui fera parfaitement l’affaire si vous ne voulez pas investir dans du matériel. Si vous êtes bricoleurs, je pense qu’il est possible d’en réaliser un.


Callicéphale propose également des kamishibaï magnifiques. Je m’en suis pour l’instant procuré deux : Matin Brun que j’utilise en 3ème pour introduire une séquence sur La ferme des animaux (Dénoncer les travers de la société) et Le roi des Aulnes que j’ai utilisé l’année passée pour présenter le projet aux élèves. Les kamishibaï proposés correspondent le plus souvent à de jeunes élèves mais on peut tout de même y trouver notre bonheur. J’ai par exemple repéré Le temps des cerises – Les contestations sociales de 1870 à nos jours qui me tente beaucoup.

Le sujet

Dans un groupe de quatre, imaginez une nouvelle fantastique que vous raconterez à la classe sous la forme d’un kamishibaï.

Ce projet me permet d’évaluer quatre compétences :
Oral – O4 : Exploiter les ressources expressives et créatives de la parole : Pour la mise en voix.
Écriture – E2 : Adopter des stratégies et des procédures d’écriture efficaces : Pour le travail d’écriture, de relecture… long.
Langue – LA4 : Enrichir et structurer le lexique : Pour l’utilisation du vocabulaire fantastique vu en classe durant la séquence.
Compétence transversale : Travailler en groupe et s’investir dans un projet.
On peut cependant évaluer d’autres compétences, notamment écrites… ce que je ferai probablement l’année prochaine.

Les consignes sont les suivantes :
– Réaliser un kamishibaï en quatre planches.
– Respecter la structure du kamishibaï.
– Raconter une histoire fantastique.
– Créer une ambiance fantastique.
– Utiliser le vocabulaire fantastique.
– Préparer une mise en voix.

La mise en place du projet

Le projet et la création des kamishibaï s’intègrent dans la séquence. Depuis deux ans, nous travaillons sur Le Horla de Maupassant. C’est une nouvelle courte qui reprend parfaitement la structure de la nouvelle fantastique et qui permet de comprendre le schéma narratif qui lui est propre. Cette séquence est découpée en plusieurs analyses de texte, chacune reprenant une étape de la nouvelle. Après chaque analyse, un temps d’écriture était donc proposé pour que les élèves construisent leurs histoires au fur et à mesure. La rédaction des nouvelles s’est donc faite tout au long de la séquence avec des temps de travail individuel, des temps en groupe et quelques temps d’écriture à la maison.

Pour commencer, et c’est quelque chose que j’essaye de faire à chaque fois que je leur propose un projet conséquent, je leur ai moi-même présenté un kamishibaï. Pour cela, j’ai adapté la nouvelle La morte de Maupassant, que j’aime beaucoup, en kamishibaï. Je n’ai pas fait ce travail seule ! Depuis un an, je récolte des planches illustrées par des jeunes artistes, des élèves, des collègues, des amis… Je suis très contente du résultat et j’ai beaucoup aimé débuter la séquence par cette histoire.

Le dessin de @marionbrouillon

Le dessin de @clarit_art



  1. Dans un premier temps, les élèves ont travaillé en groupe pour se mettre d’accord sur le cadre de leur nouvelle. Avec une analyse de texte, ils ont découvert que le début de la nouvelle fantastique était réaliste et ont donc du créer un personnage plutôt banal et un contexte spatio-temporel classique. Pour cet incipit, je leur conseillais de rédiger une dizaine de lignes (même si la longueur du texte n’était pas un critère). Cette première étape dure une heure.
  2. Nous avons ensuite travaillé, dans une séance d’oral, sur toutes ces petites choses qui, dans la vie de tous les jours, peuvent nous faire sursauter, nous faire peur, frissonner… sans pour autant tomber dans le paranormal. Ils ont pu lister, en classe entière, leurs petites frayeurs du quotidien (une porte qui claque, le souffle du vent, la charpente qui craque…). Suite à cette séance, individuellement et à la maison, ils devaient reprendre leur incipit pour le compléter et ajouter un élément effrayant mais rationnel.
  3. Durant la séance d’écriture suivante, ils ont ainsi pu mettre en commun leurs écrits. Dans certains groupes, une rédaction a fait l’unanimité et ils ont pu la retravailler et l’améliorer. Dans d’autres groupes, il a fallu mixer les différentes rédactions.
  4. Avec une nouvelle analyse de texte, les élèves ont pu découvrir la mise en place du fantastique. Une autre séance leur permettait également de travailler sur le vocabulaire fantastique. La troisième séance d’écriture, en groupe, portait donc sur le cœur de la nouvelle : l’événement fantastique. La difficulté a été pour eux de ne pas multiplier les événements, de ne tomber dans le merveilleux, ni dans l’horreur.
  5. Enfin, une dernière séance d’écriture leur a permis de rédiger la chute de leur nouvelle.
  6. Une séance supplémentaire était proposée pour terminer la rédaction, revoir / corriger certains passages, améliorer l’ensemble… Au total, 5 heures de rédaction ont été nécessaires + un temps de travail à la maison.

Durant l’ensemble du temps de rédaction, une relecture et des conseils de ma part étaient disponibles à tout moment. Pour cela, il leur suffisait de me donner leur rédaction et je leur rendais en général le lendemain. Je leur proposais alors des conseils, j’identifiais des passages à revoir… Ils n’ont pas tous utilisé cette possibilité.

Le partage des histoires

Une fois leurs productions terminées, nous avons pris une heure pour que chaque groupe raconte son histoire. Le butaï a été placé au centre d’un demi-cercle, tous les élèves autour… et nous avons écouté les nouvelles de chacun. C’était un super moment que j’ai beaucoup apprécié, les élèves aussi je pense. Durant ce temps, impossible d’évaluer tous les élèves au fur et à mesure, j’ai donc du filmer toutes les lectures afin de pouvoir me pencher dessus plus tard. Je vous recommande de procéder ainsi, pour le côté pratique mais aussi pour pouvoir profiter de ce moment de partage.

Bilan

Évidemment, je conserve ce projet pour l’année prochaine ! J’en suis très contente et je pense que l’ensemble a plu aux élèves. Je pense tout de même y apporter quelques modifications :
– Raccourcir ma séquence sur Le Horla. L’élaboration du projet étant longue, si on la cumule avec une séquence classique, il faut prévoir plusieurs semaines. Je pense donc modifier ma séquence sur Le Horla l’année prochaine afin de la transformer en plan de travail et donc d’y intégrer la création du kamishibaï.
– Évaluer la partie écrite. Durant la séquence, nous avons beaucoup travaillé sur les mécanismes du fantastique et la structure de la nouvelle fantastique. C’est cependant un point qui ne figurait que très peu dans les grilles d’évaluation. Je pense donc valoriser cette apprentissage l’année prochaine en ajoutant l’évaluation de leurs écrits.
– Ajouter une heure d’oral. Alors que c’était une compétence évaluée, je n’ai finalement pas assez travaillé la mise en voix et la technique de contage. J’ai, du coup, été assez tolérante lors de l’évaluation mais je pense qu’une séance supplémentaire peut être intéressante. J’ai déjà quelques idées…
– Travailler avec le professeur d’arts plastiques. La création des planches a été, pour beaucoup, faite à la maison. J’imagine cependant une collaboration avec l’art plastiques pour que les élèves dessinent au collège, avec l’aide de leur professeur.
– Mettre en place un suivi plus rigoureux. Même si j’ai évidemment été présente lors de la création de ce projet, en classe et lorsqu’ils me rendaient leurs brouillons, je pense que je peux davantage les accompagner et améliorer leur autonomie. Je pense par exemple à une fiche de suivi individuelle sur laquelle les élèves pourraient rendre compte de leur travail, de leur organisation…

Quelques conseils dans la réalisation…

Si vous êtes novices dans la création de kamishibaï ou si vous n’en avez pas sous la main pour avoir un exemple, voici quelques conseils qui pourront vous être utiles :
– Je vous conseille d’utiliser des feuilles cartonnées pour que l’ensemble tienne debout lors de la présentation. J’ai acheté ce bloc de papiers chez Action afin de fournir le matériel aux élèves.
– Les planches sont à concevoir en format paysage et ont une dimension de 37 x 27,5 cm.
– Le texte est à écrire ou coller au dos des feuilles. Il ne faut cependant pas coller le texte au dessin qui lui correspond. Étant donné qu’il y a un décalage, le texte du dessin au premier plan doit se trouver au dos du dessin au dernier plan.


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