Enseigner La classe Pédagogie

Journal d’une classe flexible ⎜#3

Bonjour bonjour ! Avec quelques jours d’intervalle seulement, j’écris cet article qui sera le dernier concernant la classe flexible pour 2021 / 2022. D’ailleurs, si vous n’avez pas lu les deux premiers articles et que le sujet vous intéresse, je vous recommande de débuter par ceux-ci (article #1 / article #2). Dans le précédent article, je vous parlais d’un échec… Celui d’un projet de classe flexible partagée qui n’aura finalement jamais vu le jour. Mais il fallait bien poursuivre avec une note plus positive !

Un nouveau projet…

Pour rappel, le projet de classe flexible, tel qu’il était pensé au début, n’aura finalement que peu perdurer dans le temps puisque nous l’avons abandonné avant les vacances de la Toussaint. Il a alors fallu repenser l’utilisation de ces salles matière. Huit enseignantes, quatre salles… Il fallait réfléchir à un fonctionnement logique et adapté à chacun.

Frustrée par l’échec du précédent projet, motivée à l’idée de me lancer véritablement dans la classe flexible, j’ai demandé à mes collègues s’il était possible d’avoir cours quotidiennement dans une seule et même salle. Ce n’est le cas pour personne au collège mais elles ont tout de même accepté (mon emploi du temps à 20h, uniquement en 4ème / 3ème aidant à l’annexion d’une salle).

Pour la première fois, j’allais donc avoir ma propre salle ! Quel bonheur !

Aménager la salle

Lorsque j’ai récupéré cette salle, la salle Olympe de Gouges, les tables étaient placées en rang, les unes derrière les autres. Je ne rejette pas du tout cette disposition, cependant j’avais envie d’essayer autre chose. Il a donc fallu réfléchir à un nouveau plan de classe. Pour cela, j’ai utilisé mes précédentes lectures, celles que vous trouverez dans le premier article dédié à la classe flexible.

Différents espaces se sont alors dessinés :
– Mon espace personnel avec un bureau équipé d’un ordinateur. Je suis rarement derrière le bureau, excepté pour faire l’appel ou utiliser l’ordinateur. Mais j’aime pouvoir y stocker du matériel et y poser mes affaires. Durant mes lectures, j’ai pu découvrir que beaucoup de professeurs retiraient le bureau mais je crois que je n’y suis pas prête et que ça ne me convient pas.
– Juste devant le tableau, un espace guidé. Cette zone est utilisée par des élèves qui ont (presque) constamment besoin de la présence du professeur pour avancer. C’est un espace facilement accessible pour moi, dans lequel il est facile de tourner et de se retourner. En général, les élèves en grande difficulté et les dys s’y installent, mais (on ne va pas se mentir) les élèves aux comportements les moins adaptés s’y trouvent aussi.
– Les îlots peuvent accueillir quatre élèves chacun. Ce sont des zones d’échange et de travail en groupe. Les élèves qui s’y installent entrent souvent dans une démarche de conception ou dans une tâche complexe. Un second tableau blanc s’y trouve d’ailleurs et les élèves peuvent l’utiliser. On y trouve souvent des élèves autonomes, qui savent gérer leur temps et leur comportement. Dans cet espace, un faible volume sonore est autorisé.
– L’espace en binôme et guidé permet à des élèves de travailler par deux et avec l’aide ponctuel du professeur. C’est également un espace qui m’est facilement accessible. Dans cet espace, un faible volume sonore est autorisé. On y trouve des élèves autonomes mais qui ont davantage besoin d’aides et d’accompagnement.
– L’espace individuel et autonome est plus petit car souvent moins sollicité. C’est un espace de silence et d’autonomie complets. Les élèves qui s’y installent sont souvent ceux qui ont besoin de silence et qui sont suffisamment autonomes pour pouvoir travailler seuls et de manière isolée.
– Un espace bibliothèque, ludothèque, ateliers, outils… constitué de deux bibliothèques et d’un présentoir à livres. Dans cet espace, on retrouve une bibliothèque que je garnis moi-même avec des livres d’occasion, des spécimens ou des livres gracieusement envoyés par les maisons d’édition. Ces livres sont rangés par catégories (pour remonter le temps, pour frissonner, pour vivre le suspens, pour s’émouvoir, pour partir à l’aventure et pour réfléchir). Il y a également des cases pour les livres de la séquence (4ème et 3ème) dans lesquelles je place des ouvrages en lien avec les thèmes étudiés. On y trouve également des DVD, en lien avec les programmes scolaires ou à but éducatif, que j’achète pour quelques euros quand l’occasion se présente. L’affiche que l’on trouve au-dessus vient de Comme un roman de Daniel Pennac, ce sont Les droits imprescriptibles du lecteur. Dans la ludothèque, on retrouve quelques jeux que nous utilisons ponctuellement en classe. Sur ce même meuble sont rangés les ateliers de langue, les outils d’écriture, les dictionnaires, des manuels… qui sont accessibles de manière autonome.

Outre le plan de classe que je voulais flexible, j’ai également commencé à chercher du matériel flexible. C’est un domaine que je dois encore travailler (j’en parlerai par la suite) mais cette année j’ai investi dans un ballon de gym (j’ai testé le ballon proposé chez Action mais je le trouve fragile et trop petit). J’ai également acheté des coussins d’équilibre / à picots. Ces deux assises sont quotidiennement sollicités par les élèves.

Mettre en place une classe fonctionnelle

Outre le fait d’aménager la salle en plaçant les tables et les meubles, il a également fallu la rendre fonctionnelle. Une salle flexible étant une salle dans laquelle on développe l’autonomie des élèves, il me semblait primordial de laisser à disposition des outils, des affichages et autres ateliers…

Dans la salle Olympe de Gouges on retrouve donc :
– Des ateliers / jeux de langue. Ils sont répartis selon les ceintures puisque c’est ainsi que je fonctionne pour la langue (si le sujet vous intéresse, des articles sont à disposition dans Enseigner > Pédagogie). Toutes les cases ne sont pas comblées puisque la conception et la création de ces ateliers prennent beaucoup de temps, mais j’y travaille !
– Des outils d’écriture. Ils sont laissés à disposition des élèves. On y trouve des cartes à écrire, des nuanciers (vêtements du XIXème siècle & métiers du XIXème siècle), des trousseaux d’homophones et des trousseaux de mots. Il y a également des dés à écrire, je possède ceux de Flying Tiger et ceux de Story Cubes. D’autres outils ont été créés en cours d’année mais je n’ai pas encore pris le temps de les poster par ici, ça viendra !
– Une pile de manuels, cahiers d’exercices… en tout genre ! qui servent lors des temps de conception ou de révisions. Il y a également des dictionnaires et des grammaires laissés à disposition.
– Je mets également à disposition une boîte « Les + facultatifs » dans laquelle se trouve, notamment, des sujets de DNB pour les 3èmes. Ils peuvent se servir s’ils souhaitent s’entraîner à la maison. Il y a également des bannettes avec des activités supplémentaires (les Pixel art de @crochetonsnousdanslesbois ou les Sudoku de @chez.motpassant pour ne citer qu’eux).
– Des affichages avec le code CHAMPIONS que j’adore et que j’utilise toute l’année. Ou encore le programme TV de la semaine (que j’ai un peu abandonné en cette fin d’année mais que je compte reprendre dès la rentrée !).
– Des outils de gestion avec le bruitomètre, que j’utilise surtout en début d’année en 4ème puis très peu, et les cartes de rôles à utiliser lors des activités en groupes.

Mettre du flexible dans ma pratique

Installer une salle flexible, c’est bien. L’utiliser, c’est encore mieux ! Si il y a bien un reproche que je pouvais faire aux ouvrages et aux articles concernant la classe flexible, c’est de ne pas expliquer en profondeur comment l’appliquer en classe. Mais maintenant que je suis confrontée à la rédaction d’un tel article, je comprends pourquoi. Il n’est pas facile d’expliquer ce fonctionnement !

Sur cette année 2021 / 2022, mon fonctionnement a comporté diverses lacunes. Mais ce n’est pas grave, elles seront corrigées l’année prochaine. Je reviendrai sur mes échecs (et mes réussites) un peu plus tard, mais pour l’instant je vais lister ce que j’ai tenté de mettre en place cette année.

  • Les assises. Quotidiennement, les élèves ont accès aux différentes assises. Elles ne sont pas multiples mais ils s’y retrouvent et peuvent les utiliser régulièrement. Ils avaient la possibilité de changer au cours de l’heure : pratique quand plusieurs d’entre eux voulaient le ballon ! Plus généralement, et cela rassurera peut-être ceux qui pensent ne jamais faire de flexible, je laisse mes élèves s’asseoir comme bon leur semble. Tant qu’ils ne sont pas dérangeants pour le reste de la classe, ils sont libres. C’est aussi ça le flexible !
  • Le placement libre. Au cours de l’année, j’ai pu expérimenter le placement libre. Plus haut, vous avez pu découvrir le plan de la salle. Ce n’est pas son plan quotidien. En parallèle de celui-ci, j’ai aussi un plan de classe plus classique, élaboré par mes soins et qui correspond au placement « classique » des élèves. Certaines séances seulement font appel à ce plan de classe flexible. Lors de ces séances, souvent de langue, j’indique aux élèves les différentes activités à mener dans l’heure et ils s’installent en fonction de leur envie du jour ou de leur fonctionnement.
  • Les séances à choix multiples. Vous devez connaître ce sentiment, celui qui vous envahit quand vous êtes bien incapable de choisir parmi toutes vos idées. Avec ce type de séance, c’est chose réglée ! Lors d’une séance à choix multiples, les élèves ont la possibilité de choisir quelle activité ils vont suivre. Parfois, ils pourront même choisir la compétence qu’ils veulent travailler. Pour créer une telle séance, il faut partir d’un thème et travailler avec des méthodes / notions que les élèves maîtrisent déjà. Je trouve cela plus difficile à mettre en place lorsqu’il s’agit d’une nouvelle notion à acquérir, mais pourquoi pas ! Sur un même thème, on propose donc plusieurs activités qui vont travailler la même compétence (ou pas) mais qui vont prendre différentes formes. Ces activités, même si elles sont toutes différentes, doivent mener au même objectif. Par exemple, en début d’année, j’ai proposé une séance sur le Paris Haussmanien. Mon objectif était davantage de développer leur culture générale que de leur faire acquérir une méthode de travail. Pour cette séance, j’ai proposé deux choix : l’un autour d’analyses de petits textes, l’autre autour de l’interprétation (via le dessin) d’un plus long texte. Dans les deux cas, les élèves ont découvert un aspect d’Haussmann et ont pu échanger lors d’une mise en commun.
  • Les ateliers (guidés). Certaines séances sont construites autour d’ateliers guidés. Lorsque les élèves entrent en classe, le contenu de la séance est projeté au tableau. Ils savent alors où s’asseoir, soit par réflexe soit parce que je projette également un plan de classe. Le plan de séance leur indique également les documents qu’ils doivent se procurer (ils sont laissés à disposition sur mon bureau) et ce qu’ils doivent faire. Lors de ces séances, seule une partie de la classe est avec moi, les autres fonctionnent en totale autonomie. Parfois, je travaille avec plusieurs groupes / ateliers sur une heure, parfois je ne suis qu’avec quelques élèves seulement pendant toute une heure. Ces ateliers demandent un gros travail d’organisation et de préparation mais lorsqu’ils sont lancés, c’est très agréable et productif. Ci-dessous, vous trouvez l’exemple d’un document que je projette au tableau. Il s’agit ici de séances de langue, toutes les activités n’étaient pas à effectuer sur une heure mais sur plusieurs.

Analyser les réussites et les échecs

Après une première année, presque complète, je peux élaborer un bilan. Voici donc mes réussites ainsi que les points sur lesquels je veux travailler pour l’an prochain :

Réussites
  • L’exploitation des outils mis à disposition. La plupart des élèves ont développé leur autonomie et ont su utiliser les divers outils proposés en classe.
  • L’autonomie des élèves. Passée la première séquence durant laquelle j’ai appris à les connaître, puis la seconde où ce sont eux qui ont appris à me connaître… Les séquences suivantes ont été plus agréables à gérer puisque les élèves ont développé une véritable autonomie. Ils savaient où trouver le matériel dont ils avaient besoin, comment se placer en classe, comment suivre les différentes séances…
  • Le test des séances flexibles. Ce sera aussi un point à améliorer mais je suis contente d’avoir pu tester, même ponctuellement, des séances flexibles. J’ai pu acquérir des automatismes et apprendre pour mieux préparer l’année qui vient.
Pistes d’amélioration
  • La mise en place d’ateliers et de centres d’autonomie. C’est un sujet sur lequel je travaille mais je trouve que mes séquences manquent de séances autonomes. Je réfléchis à leur mise en place pour l’année qui vient : retravailler des séances pour les rendre flexibles ? proposer ces séances de manière ritualisée (une fois par semaine, toutes les deux semaines…) ?
  • La gestion de l’espace. Je suis très contente de mon plan de salle flexible, mais j’aimerais l’utiliser plus régulièrement. Je travaille donc sur des affichages qui permettront aux élèves de savoir à quel type de séance ils ont affaire dès l’entrée en classe.
  • L’utilisation de la bibliothèque. Finalement, seuls les élèves qui restaient à la fin de l’heure prenaient le temps de fouiller dans la bibliothèque. Il faut donc que je trouve un moyen de la rendre plus attrayante et de l’exploiter davantage.

Voilà pour ce troisième article concernant la classe flexible, et le dernier pour l’année 2021 / 2022. Il est long mais je le voulais complet. Pour l’année à venir, je repars avec plein de nouvelles idées, des lectures (à finir avant la rentrée) et des séquences déjà travaillées sur le modèle flexible… Je partagerai évidemment tout cela sur le blog et sur les réseaux sociaux.

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