Bonjour bonjour ! À quelques jours de la rentrée, je poursuis les publications de mes articles « bilan » de l’année 2021 / 2022 (il n’est jamais trop tard). Et aujourd’hui… Je vous propose un retour d’expérience sur ma deuxième année d’utilisation des ceintures de langue.
Il y a un peu plus d’un an, je vous proposais un premier article sur le sujet basé sur ma réflexion, sur ma pratique et sur un bilan. Si vous vous intéressez au sujet des ceintures de langue, je vous recommande de débuter par cet article. Beaucoup de points abordés dans cet article s’appuieront sur le précédent.
Petit rappel avant de débuter… J’utilise les ceintures en langue uniquement. D’autres utilisations sont possibles, mais j’ai choisi de n’appliquer ce fonctionnement qu’au domaine de la langue. Je pratique les ceintures en 4ème et en 3ème avec un fonctionnement similaire mais adapté.
Le constat de l’année précédente
L’année dernière, dans mon article, je faisais un bilan sur mes points d’appui et mes pistes d’amélioration.
Parmi mes points d’appui, je notais la clarté du fonctionnement en ceintures qui rassure les élèves et leur plaît ; la prise d’autonomie chez les élèves qui se développe au fur et à mesure de l’année et qui est agréable ; l’efficacité qui permet de travailler l’ensemble du programme de langue en s’assurant de sa bonne maîtrise par les élèves ; l’attrait procuré par ce système ; la solidarité entre les élèves. La bonne nouvelle, c’est que tous ces points sont encore d’actualité ! J’ai pu les observer à nouveau cette année et les apprécier en classe. Je persiste donc à penser que les ceintures sont une bonne méthode.
Parmi les pistes d’amélioration en revanche, je notais la méthode de remédiation qui ne me plaisait guère avec un système qui ne facilite pas la validation des ceintures par les élèves et leur passage aux ceintures suivantes ; la forme des évaluations que je voulais davantage différenciées ; la prise en compte des élèves dys pour lesquels je voulais créer une progression spécifique. Pour ce qui est de ces pistes d’amélioration, je vais être honnête, seul le deuxième point a été amélioré selon moi. J’ai mené un gros travail sur les évaluations, en partenariat avec ma collègue de français en 3ème, ce qui ne m’a pas laissé beaucoup de temps pour améliorer les autres points.
Le déroulement d’une ceinture en 2021 / 2022
Mon système de ceintures a tout de même évolué ! J’y ai apporté des modifications qui vous paraîtront peut-être minimes mais qui ont tout de même nécessité de nombreuses heures de réflexion et de travail. Ci-dessous, je propose le déroulé concret d’une ceinture (la ceinture blanche sur le mot).
Présentation de la ceinture
Chaque ceinture débute par la présentation et la distribution de ce document. Il marque le début de la ceinture en cours qui s’étalera sur toute la séquence. Ici repose la première modification apportée aux ceintures pour 2021 / 2022 : je ne travaille plus les ceintures sur une seule semaine comme j’avais décidé de le faire l’année précédente mais je la répartis sur toute la séquence. Plusieurs constats m’ont menée à ce choix : en répartissant la langue tout au long de la séquence (mais tout de même de manière détachée) les élèves ont davantage le temps de travailler entre les différentes étapes du plan de travail ; cela facilite la mémorisation et l’acquisition de la notion ; les élèves ont davantage le temps de préparer l’évaluation sommative ; on peut plus facilement utiliser les notions acquises lors de la ceinture durant les séances de lecture ou d’écriture.
Sur ce document, on retrouve plusieurs éléments :
– Le nom de la ceinture en cours pour faciliter le rangement dans le classeur.
– La compétence travaillée.
– Les notions à maîtriser, pour le niveau confirmé et pour le niveau expert (deuxième modification dont je parlerai plus tard).
– Les objectifs.
– Le déroulé de la ceinture en étapes et sous forme de schéma.
Lors de la présentation de la ceinture, les élèves repartent également avec ce document : la feuille de route du plan de travail. Sur ce document, on retrouve toutes les étapes de manière détaillée :
– Le n° de l’étape et son nom.
– Les modalités de l’étape (en classe / à la maison ; individuellement / en groupe / collectif ; non évaluée / évaluée).
– Les tâches à effectuer ou proposées avec des petites cases pour que les élèves puissent cocher.
L’évaluation diagnostique
L’évaluation diagnostique prend la forme d’un QCM. C’est une modalité que j’ai conservée de l’année précédente puisqu’elle est efficace, rapide et facile à mettre en commun. Ici, il ne s’agit pas d’évaluer en profondeur la maîtrise de la notion par un élève mais bien de faire le point sur ses acquis et ses besoins.
Aucun espace ne permet d’indiquer le nom de l’élève et il n’y a pas d’échelle descriptive. Aussi l’élève prend ses distances par rapport à une évaluation classique : on dédramatise l’erreur !
Dans cette évaluation, on retrouve des notions de l’année précédente, mais également des notions de l’année à venir.
Lors de cette activité, les élèves complètent d’abord l’évaluation diagnostique seul et en autonomie. Lorsqu’ils ont terminé, s’ils sont en avance, ils peuvent échanger avec un autre élève et mettre en commun leurs réponses. Nous passons ensuite à une mise en commun en classe entière, quelque chose de très rapide durant laquelle je n’explique rien. On se contente de cocher et de compter.
Le choix d’un parcours : confirmé ou expert ?
En fonction de cette évaluation et de leur ressenti face à la notion, les élèves ont le choix entre deux parcours : le parcours confirmé et le parcours expert. Ils font le choix, même si je me permets de les guider…
Ce choix représente la deuxième modification apportée à mon système de ceintures. Il a pour but d’aider les élèves plus en difficulté et de leur permettre d’avancer et de progresser, tout en permettant aux élèves en réussite d’aller plus loin et d’approfondir. Le principe est simple : une ceinture, une notion = deux progressions proposées.
Le parcours confirmé correspond à un niveau basique. On y trouve toutes les notions nécessaires à l’année en cours, sans approfondir : le strict minimum.
Le parcours expert correspond à un niveau plus approfondi. On y trouve des notions qui seront abordées l’année suivante, des nuances plus pointues, des points qui ne sont pas essentiels, selon moi, à une personne qui ne se destine pas à des études approfondies de littérature ou de langue. Bref, du plus, du bonus ! Les élèves peuvent faire sans, mais s’ils y arrivent tant mieux !
Si vous voulez un exemple de répartition des notions entre les deux parcours, je vous renvoie au premier document partagé plus haut !
L’activité de découverte
L’activité de découverte repose souvent sur un texte à analyser. Deux options pour ce texte :
– Un texte littéraire : choisi parmi le corpus de la séquence ; en lien avec le thème de la séquence… Il permet d’ajouter une dimension stylistique aux analyses littéraires des élèves.
– Un texte rédigé par mes soins : c’est souvent le cas dans les ceintures plus complexes, sur le présent par exemple, parce qu’il est difficile de trouver un texte qui va comporter une occurence pour chaque notion abordée. Ce n’est pas très difficile à mettre en place. On rédige un texte de base que l’on modifie par la suite pour qu’il comporte tous les points abordés dans la ceinture. En 3ème, je m’amuse même à créer une intrigue qui se poursuit de ceinture en ceinture.
Cette activité de découverte est souvent guidée avec des consignes précises, des pistes d’observation… il y a souvent des choses à colorier, à surligner pour la rendre un peu plus agréable. Pendant cette activité, je demande aux élèves du niveau expert de prendre quelques notes afin de pouvoir participer lors de la mise en commun de la leçon.
La leçon
La leçon est un temps de mise en commun, collectif et en classe entière, qui permet de fixer les notions et de les expliquer. Durant l’activité de découverte et le travail effectué à la maison (je reviendrai sur ce sujet plus tard), les élèves ont pu observer des choses et, pour certains, prendre des notes.
Nous mettons en commun les leçons dans des cartes mentales, construites systématiquement de la même manière afin de ritualiser ce moment. Mais je propose aussi, en parallèle, des leçons à manipuler.
La mise en commun d’une notion nous prend en général 30 minutes à 1 heure. Les élèves ont assez peu besoin de moi. Ils se relèvent au tableau, expliquent, complètent, posent des questions… Je suis là uniquement pour réguler, vérifier leur bonne compréhension et apporter des réponses aux questions les plus pointues.
Pour certaines ceintures, et c’est ma troisième modification, je divise la leçon en deux parties afin de rendre ce moment moins fastidieux. Par exemple, pour la ceinture orange sur le présent nous étudions d’abord la conjugaison puis les emplois du présent de l’indicatif. Dans ce cas, nous répétons l’activité de découverte et la mise en commun de la leçon deux fois.
L’évaluation formative
L’évaluation formative intervient quelques jours après la mise en commun de la leçon. Les élèves ont donc le temps de réviser et de s’entraîner.
Elle peut prendre deux formes :
– Un texte à analyser (ci-contre) qui ressemble à une analyse type DNB avec des questions de compréhension liées à la langue. Cette évaluation peut se faire en classe, sur table, mais le plus souvent je la donne aux élèves pour qu’ils s’entraînent à la maison. Je leur propose donc un corrigé imprimé qu’ils consultent ou une correction personnalisée de ma part.
– Une évaluation type « par coeur » avec des exercices simples qui permettent seulement de valider les connaissances. Ce type d’évaluation n’est pas forcément recommandé par les inspecteurs, mais il a le mérite de vérifier que les élèves connaissent la leçon (ce qui, soyons honnête, est souvent le début de tout…).
Cette évaluation n’est jamais évaluée et ne conduit pas à une compétence sur le bulletin.
L’entraînement
Cette heure d’entraînement me semble essentielle. C’est une heure de « classe flexible » durant laquelle les élèves travaillent selon leurs choix. Des ateliers leur sont proposés et ils se gèrent ensuite de manière autonome. Durant cette heure, plusieurs types d’activités sont proposées :
– Des jeux / ateliers de manipulation à utiliser en binôme, en petit groupe ou même avec moi (pratique pour les évaluer sans qu’ils s’en rendent compte).
– Des exercices : je ne suis pas fan des exercices mais ils peuvent être utiles. L’année dernière, je proposais des livrets d’activités élaborés par mes soins. Cette année, par soucis de temps, par volonté de réduire le nombre l’impressions et par choix d’équipe, je leur propose un cahier tout fait. J’ai choisi le Grevisse que je trouve relativement complet. Le cahier d’exercices sera probablement le chantier de l’année qui vient… En revanche, je ne leur impose jamais une liste d’exercices. Je leur propose une sélection et ils font ceux qu’ils veulent. Pour la correction, c’est libre : ils se corrigent entre eux, me demandent…mais jamais de correction en classe entière.
– Des évaluations formatives.
– Des activités au choix : élaboration de fiches de révisions, correction d’une évaluation ou d’un exercice, révisions à deux…
+ La préparation à la maison
C’est la quatrième nouveauté, cette année je propose des activités bonus à effectuer à la maison. Elles sont évidemment facultatives mais permettent, pour les élèves qui le souhaitent, d’approfondir ou de s’entraîner davantage.
Parmi les activités proposées, il y a notamment des vidéos / des capsules qui expliquent le cours. Ces vidéos permettent aux élèves de réentendre des explications, parfois d’une autre manière. Les élèves peuvent également poursuivre les exercices, refaire une évaluation, analyser un texte… Ils se gèrent seuls et deviennent très rapidement et facilement autonomes.
L’évaluation sommative
L’évaluation sommative a également changé (et c’était l’une de mes pistes d’amélioration l’année passée). Il s’agira de la cinquième et dernière modification apportée à mon système de ceintures par rapport à l’année passée.
Cette évaluation prend toujours la forme d’un texte à analyser. Comme le jour du DNB, elle comporte des questions de compréhension et d’analyse liées à la langue. On y retrouve les deux parcours : confirmé et expert. Le principe est simple, s’il y a dix questions (réparties en confirmé et expert) les élèves doivent répondre à cinq questions. Par exemple, pour le n°1, ils choisissent de répondre à la question « confirmé » ou à la question « expert ». Cela donne la possibilité aux confirmés de répondre à des questions un peu plus pointues et aux experts d’avoir une assurance de répondre à des questions. Je demande aux élèves de cocher les questions auxquelles ils répondent pour faciliter la correction.
Je me laisse également la possibilité de proposer des évaluations différentes. Parfois, pour les confirmés, je propose une évaluation plus classique avec seulement des exercices d’application. Je ne passe pas par l’analyse du texte qui ajoute une difficulté supplémentaire et pas forcément utile pour ces élèves.
Il y a une évaluation sommative par ceinture et donc une par séquence. Elle compte forcément dans le bulletin mais peut être facilement compensée puisque ces compétences sont régulièrement évaluées. Concernant la valorisation du niveau « expert », eux-seuls peuvent atteindre la très bonne maîtrise. Les élèves répondant aux questions du niveau confirmé sont limités à la maîtrise satisfaisante.
Le rattrapage
Paramètre que je n’ai pas supprimé, seulement modifié : la validation des ceintures. J’exige toujours un niveau minimum afin de passer à la ceinture suivante. Le niveau confirmé aidant, peu d’élèves ne parviennent pas à valider leur ceinture. Cependant, il en reste quelques uns. Pour ces élèves, je propose une évaluation de rattrapage. Elle a lieu dans les jours suivants et reprend le même schéma que la précédente. Seul le niveau confirmé est cependant proposé dans ces évaluations de rattrapage.
La plupart des élèves valident leur ceinture avec cette évaluation de rattrapage. Si un élève me semble cependant avoir un niveau trop faible d’acquisition de la notion, je lui demande de repasser cette ceinture sur une prochaine session.
Les points d’appui et les pistes d’amélioration
Comme l’année passée, je vous propose un bilan reprenant les points d’appui et les pistes d’amélioration qui apparaissent à l’issu de cette année.
Les points d’appui
- Comme l’année dernière, je note des points positifs : la clarté, l’autonomie, l’efficacité, l’attrait et la solidarité.
- Les évaluations différenciées : cette année, comme dit plus haut, nous avons réussi à proposer deux parcours et donc des évaluations différenciées. C’est une réussite car cette différenciation manquait et que certains élèves se retrouvaient en difficulté.
Les pistes d’amélioration
- La remédiation reste un point à travailler. J’ai toujours un peu de mal à demander à un élève de repasser une ceinture en sachant qu’il prendra du retard sur le programme de l’année. Finalement, je me rends compte que c’est bénéfique parce qu’il maîtrise vraiment les notions abordées mais il reste un manque.
- La gestion des élèves dys qui me questionne toujours. Est-ce qu’il faut leur proposer une progression différente ? Est-ce qu’il faut baisser les exigences ?
Cet article correspond à l’utilisation que j’ai eue des ceintures en 2021 / 2022. Pour l’année qui vient, j’ai travaillé avec deux collègues de français du niveau 3ème afin de refondre totalement le système. Ce sera donc avec une méthode totalement différente que je vais proposer les ceintures pour l’année 2022 / 2023. Je vous en parlerai évidemment via les réseaux sociaux mais pour avoir une vue d’ensemble et une explication de ce nouveau système, il faudra attendre que je le teste auprès des élèves. Un nouvel article est donc déjà prévu pour la fin d’année prochaine.
Je crois comprendre que le système de ceintures est une méthode qui plait de plus en plus et attire. Je suis donc curieuse de savoir où vous en êtes dans ce processus, ce que vous faites en classe, vos réussites, vos échecs… Nos échanges sont toujours très formateurs et c’est un plaisir d’échanger avec vous sur un tel sujet. Je suis donc totalement ouverte à la discussion !
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