Bonjour bonjour ! Il y a un an, je vous proposais un premier article dans cette catégorie « la classe », concernant la classe flexible. Si vous n’avez pas lu cet article et que vous vous intéressez à la classe flexible, je vous recommande de débuter par celui-ci. Un an plus tard, il est temps pour moi de faire un premier bilan de cette expérience.
Pour rappel… Il y a un an, mon établissement nous proposait de changer notre mode de fonctionnement en 4ème et en 3ème afin de passer à des salles-matière. En français, deux salles nous étaient allouées et nous avions choisi de mettre en place une salle classique et une salle flexible. Nous devions présenter un projet, lors d’une table ronde, pour espérer se voir attribuer cette immense salle dont tout le monde rêvait.
Le projet d’une salle français-histoire
Pour préparer cette présentation, nous avons dû mener une réflexion d’équipe. Et la réflexion menant à la discussion… nous nous sommes rendu compte que nos objectifs rejoignaient ceux de l’équipe d’histoire-géographie. Nous souhaitions tous pouvoir laisser des outils à disposition, expérimenter des pédagogies nouvelles et avoir la possibilité de proposer un plan de classe moins « classique ». D’un commun accord, nous avons donc choisi de présenter un projet commun français / histoire-géo, autour d’une salle partagée.
Nos arguments étaient les suivants :
– Nous avons des affichages communs. Par exemple, nous souhaitions toutes afficher une frise chronologique en classe. Nous voulions que cette frise soit à la fois historique, avec des dates, des événements, des périodes… et littéraire / culturel, avec des auteurs, des oeuvres, des mouvements… afin que les élèves tissent des liens entre les œuvres étudiées et le contexte historique.
– Nous avons des outils communs. Par exemple, nous voulions laisser à disposition des outils méthodologiques pour les écrits argumentés qui sont similaires en français et en histoire.
– Nous avons des projets communs. Dans mon établissement, comme dans beaucoup je pense, nous tenons à tisser des liens entre les matières et d’autant plus entre le français et l’histoire qui sont des matières cousines. Nous proposons régulièrement aux élèves des projets communs, par exemple le projet Mémoires de Résistant. La salle commune nous semblait idéale pour matérialiser et visualiser ce lien.
Lors de la table ronde, nous avons finalement proposé notre projet à l’ensemble de l’équipe de direction ainsi qu’aux autres professeurs. J’avais préparé ce diaporama qui reprend une présentation de la salle flexible, ses avantages, nos objectifs, nos besoins mais également nos questions.
Et cette présentation a finalement porté ses fruits puisque nous avons obtenu la grande salle tant désirée et l’assurance de pouvoir se lancer dans le flexible !
La mise en place du projet
A la rentrée, lorsque nous avons eu accès à nos emplois du temps, nous avons dû nous concerter afin d’établir les emplois du temps des quatre salles auxquelles nous avions accès. Nous avions donné des petits noms à ces salles : Simone Veil pour la flexible, Olympe de Gouges, Jean Moulin et Victor Hugo. Il fallait maintenant se répartir les créneaux et tenter de parvenir à un résultat logique et qui permettrait de ne pas trop se déplacer d’une heure à une autre.
Là a été la première difficulté ! Nous étions huit professeurs intervenant sur les niveaux 4ème et 3ème : quatre en français, quatre en histoire-géo. Et chacun avait ses exigences et souhaits… être deux heures de suite dans la même salle, faire cours à la même classe dans la même salle, avoir ses cours d’1h30 dans une salle en particulier… Et il nous a fallu quelques temps pour parvenir à une version à peu près correcte !
Cliquez sur l’image pour obtenir le lien du modèle Canva.
Personnellement, je n’étais pas très satisfaite de ces emplois du temps. Je n’enseigne qu’en 4ème et en 3ème et devais donc alterner entre trois salles voisines.
Ainsi nous avons débuté l’année. J’avais installé tout mon matériel dans la salle Simone Veil, la grande salle flexible, et je naviguais entre trois des quatre salles allouées à nos matières.
Mais très vite, un sentiment de frustration est né. Nous avons relevé des défauts dans ce fonctionnement, certaines d’entre nous s’en plaignaient et l’idée s’est avérée beaucoup moins bonne qu’il n’y paraissait. Nous avons tenu jusqu’aux vacances de la Toussaint avant de remettre définitivement en question ce fonctionnement.
L’échec du projet
A la Toussaint, nous avons décidé de revoir ces fameux emplois du temps afin de les rendre plus pratiques et fonctionnels. Pour ma part, j’ai décidé de ne plus du tout intervenir dans la salle Simone Veil, la grande salle flexible, et de me positionner sur une seule salle. Même si les autres professeurs de l’équipe ont continué à utiliser cette salle toute l’année, je la qualifie personnellement cette expérience d’échec.
Avec du recul, et en ayant discuté avec les autres professeurs de l’équipe, je pense pouvoir établir une liste des causes qui ont mené à l’échec de la mise en place d’une salle flexible commune :
– Tout d’abord, nous n’avons pas la même vision et la même définition de la salle flexible. Pour certaines, « salle flexible » rimait avec la possibilité de déplacer les tables à volonté, pour d’autres il s’agissait d’exploiter l’espace en créant différents pôles et pour les dernières l’objectif était d’avoir de la place en enseignant dans une salle aux volumes avantageux.
– Ensuite, nous n’avons pas les mêmes pratiques. Evidemment, nous ne travaillons pas toutes de la même manière. Nous tenons à notre liberté pédagogique et nous la défendons. Mais cela implique des inconvénients dans le partage d’une salle. Etant donné que nous travaillons différemment, nous n’avons pas les mêmes besoins concernant certains outils. Créer des outils, du matériel… était donc impossible.
– De plus, il s’est avéré que nous n’avions pas toutes la même motivation, la même envie et la même volonté face à l’exploitation et la mise en place d’une salle flexible. Difficile de se concerter et de lancer des projets dans ce cas…
– De même que nous ne sommes pas toutes rendues au même stade de réflexion face à la pédagogie flexible. Certaines la rejettent, d’autres sont simplement curieuses, d’autres se lancent doucement…
– Enfin, nous avons manqué de temps pour mettre en place cette salle. Il nous aurait fallu beaucoup plus de temps pour se concerter, lister nos objectifs, prendre en compte les souhaits de chacun… ce que nous n’avons pas eu.
– Ce qui me mène au dernier point : l’échec de cette salle est en partie lié à un manque de communication dans l’équipe.
La mise en place d’une salle flexible commune demande en effet beaucoup de discussion et d’échange et si vous souhaitez vous lancer dans ce genre de projet, je ne peux que vous conseiller de prendre le temps de discuter, d’échanger et de réfléchir.
Dans ma pratique ?
Vis à vis de ma pratique personnelle, j’ai également pu en tirer quelques enseignements et pistes de réflexion :
– Tout d’abord, pour moi, il était difficile de faire cours dans plusieurs salles. J’utilise beaucoup d’outils, de jeux… lors de certaines séances. J’ai passé une année à transporter mon matériel entre les différentes salles de mes classes (lorsque nous n’avions pas encore les salles matière) et l’idée de pouvoir tout laisser dans une seule salle me réjouissait. Alors, quand j’ai constaté que finalement je n’étais que très peu dans cette salle flexible, la corvée du matériel a repris…
– Cette contrainte est liée à la suivante. Etant donné que la salle était commune et que nous l’avions partagée dans nos emplois respectifs, je n’y avais que peu accès et uniquement sur des créneaux donnés. Cependant, ma programmation et les séances que je voulais flexibles, ne correspondaient pas forcément avec l’emploi du temps. Aller dans cette salle n’avait donc parfois aucun intérêt puisque j’allais y mener une séance classique, alors qu’elle aurait été nécessaire sur un autre créneau durant lequel je n’y avais pas accès.
– Ensuite, contrainte plus frustrante que réellement embêtante… étant donné que nous n’avons jamais discuté et établi un projet fixe, la dynamique flexible s’est peu à peu affaiblie et essoufflée. Le plan de classe a peu à peu été abandonné et, au bout de quelques semaines, la salle a retrouvé un aspect classique, très loin du flexible et de ce que nous avions imaginé au début.
– Enfin, dernière source de frustration, nous n’avons pas pu mettre en place nos idées par manque de réel travail en équipe. Nous voulions une frise chronologique, elle n’a jamais été faite… Nous voulions des affichages, ils n’ont jamais été travaillés…
J’avais le sentiment que cette salle restait en friche et c’était décevant, d’autant plus que j’avais travaillé sur le projet pendant des mois et que je me sentais prête à me lancer réellement dans le flexible après mes quelques expériences pédagogiques menées durant les années passées.
Et voilà pour ce deuxième article dédié à la classe flexible. C’est le récit d’un échec mais je pense qu’il peut intéresser et aider ceux qui souhaitent se lancer à ne pas faire les mêmes erreurs de nous.
Vous vous en doutez probablement, d’autant plus si vous me suivez sur les réseaux sociaux, mais je ne me suis pas arrêtée là ! À partir de la Toussaint, j’ai pu mettre en place une nouvelle stratégie et m’approcher davantage de la classe flexible. Ce sera le sujet du prochain article !
En attendant, et comme d’habitude, je suis preneuse de vos partages d’expériences, de vos retours… alors, si vous souhaitez échanger au sujet de la classe flexible, n’hésitez pas à me contacter sur les réseaux sociaux ou par mail.
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